Chaque année, le 11 février, nous célébrons la Journée Internationale des Femmes et des Filles de Science. Mais pourquoi ? Qu'essayons-nous d'atteindre exactement ? Et comment y travaillons-nous ? À l'Institut royal d'Aéronomie Spatiale de Belgique (IASB), nous avons récemment commencé à travailler sur un plan d'égalité des genres (Gender Equality Plan ou GEP), afin de définir des objectifs spécifiques et les moyens de les atteindre. Il s'agit d'une feuille de route vers de meilleures conditions de travail pour les femmes, ainsi qu’un environnement plus inclusif en termes de genre, et donc plus innovant et productif. Dans les étapes suivantes, l'objectif est d'étendre ce chemin et de s'attaquer à tous les types de diversité, qu'il s'agisse de genre ou autre.
Mise en route
L'influence du genre d'une personne sur sa vie et sa carrière est un sujet de préoccupation pour un nombre croissant de personnes, y compris à l’IASB. Des efforts ont déjà été entrepris pour encourager des jeunes filles et femmes à s'engager dans les domaines d'études dites « STEM » (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) et pour soutenir les femmes déjà engagées dans ce type de carrière. De nombreux scientifiques à l’IASB accordent une attention particulière à la question de l'égalité des genres en participant à des activités telles que des « Wiki-Edit-a-thons », des sessions sur l'égalité des genres et la diversité dans les conférences scientifiques, des stages pour les étudiants et des activités éducatives pour les enfants, ou en organisant « Soapbox Science Brussels », un événement annuel au cours duquel des chercheurs femmes ou non binaires disposent d'une plate-forme pour communiquer leurs travaux avec le public.
La « Stratégie pour l'égalité entre les genres » de la Commission européenne - qui impose à chaque organisme de recherche scientifique de mettre en place un plan pour l'égalité entre les hommes et les femmes (GEP) afin de pouvoir prétendre à un financement - a été le catalyseur qui a permis d'aller plus loin dans ces efforts : la formation d'une équipe « Genre et diversité », un groupe de personnes prêtes à investir du temps et de l'énergie dans la formulation de ce GEP.
Le processus long et complexe d'apprentissage, d'éducation, d'enquête sur l'état actuel des choses et d'identification des questions clés, ainsi que des mesures qui feront la différence, a commencé. Le changement sociétal, que ce soit à grande échelle, internationale ou nationale, ou à petite échelle institutionnelle, n'est jamais rapide ou facile. Reconnaître la difficulté et la complexité de la question, mais aussi reconnaître l'importance de s'attaquer aux préjugés (souvent invisibles) et à leur impact néfaste sur le bien-être et les carrières professionnelles, est une étape cruciale vers l'amélioration. Ces premières étapes sont en cours de réalisation en ce moment même. La première version de notre GEP sera la première étape du processus, et nous avons l'intention d'affiner, d'améliorer et de compléter ce travail dans les années à venir. Avec l'aide et la contribution de chacun, nous continuerons à apprendre et à nous efforcer de faire du lieu de travail un meilleur endroit pour tous.
La nécessité d'un plan pour l'égalité des genres
« L'égalité entre les genres », des mots qui peuvent sembler désagréables ou ennuyeux pour certains, et pour d'autres un paradis inaccessible. Comme pour d'autres problèmes de l'humanité (par exemple le climat, la politique, la religion), il existe un risque de polarisation, de confrontation d'opinions fondées sur des expériences personnelles. En tant qu'institution scientifique, nous comprenons l'importance des données et des méthodologies scientifiques pour aborder un problème de façon objective.
Des études montrent que les équipes dont la composition est plus diversifiée du point de vue du genre apportent de meilleurs résultats, car ils permettent des modes de pensée nouveaux et innovants (Campbell et al. 2013; Elsevier 2015; Nielsen et al. 2018). Ce type de données a été longuement discuté par de nombreux experts dans ce domaine, et nous encourageons toute personne intéressée à se renseigner davantage sur la question (Inno et al. 2020).
Par contre, nous sommes également conscients que nous devons faire face à des problèmes invisibles qui n'apparaissent pas dans les statistiques et qui peuvent nuire à la vie et au bien-être de certains.
La création d'un plan pour l'égalité entre les genres exige donc beaucoup de soin et l'exploration au-delà des frontières de nos propres domaines d'expertise. C'est pourquoi nous nous efforçons d'aborder ces obstacles cachés en nous appuyant autant que possible sur des données scientifiques et en suivant les connaissances, les recommandations et les méthodologies des experts, ainsi que les lignes directrices et les informations de base fournies à cette fin par la Commission européenne dans le cadre des programmes H2020 et Horizon Europe.
En tant que chercheurs, le fait que la diversité mène à soutenir la science serait une motivation suffisante pour lutter pour l'égalité des genres ; mais surtout, en tant qu'êtres humains, nous ne pouvons pas non plus permettre que des influences systémiques, quelles qu'elles soient, affectent le bien-être d'un individu ou d'un groupe, quelles que soient ses caractéristiques.
C'est pourquoi l'équipe Genre et diversité de l’IASB s'engage à contribuer à l'évolution de la société vers l'égalité pour tous, en commençant à l'échelle de l'institution.
L'IASB étant un des Établissements scientifiques fédéraux (ESF), notre plan s'inscrit dans le cadre du Gender Equality Plan du SPP Politique scientifique fédérale.
Les femmes à l’IASB
Après avoir brièvement exposé la nécessité générale d'un plan d'égalité des genres, il est important de faire le point sur notre situation actuelle à l'Institut. L'infographie ci-dessous illustre les chiffres les plus pertinents concernant la place qu'occupent les femmes au sein de notre personnel. Il s'agit simplement d'un état de fait, de données concrètes, et une enquête plus approfondie en 2022 de la part de l'équipe Genre et diversité est nécessaire pour identifier les causes possibles, les corrélations, mais aussi les problèmes et les obstacles cachés, et pour tirer des conclusions.
Un premier examen des statistiques sur la répartition des genres parmi le personnel de l’IASB montre une tendance générale de 30 à 70 %, avec une minorité de femmes. Le personnel scientifique et d'ingénierie suit à peu près la même répartition, comme c'est le cas pour les postes de direction. On constate des écarts par rapport à la répartition générale des genres dans les catégories suivantes : administration (majorité de femmes), informatique (malgré les efforts déployés pour encourager les femmes à postuler, il n'en reste pas moins que très peu de femmes s'engagent dans une carrière en informatique), technique (exclusivement des hommes) et nettoyage (exclusivement des femmes) (voir figure 2). A noter que certaines catégories de personnel sont beaucoup plus petites que d'autres, et donc plus sensibles aux écarts.
Matériel de référence
- Campbell, L. G., Mehtani, S., Dozier, M. E. & Rinehart, J. (2013). Gender-heterogeneous working groups produce higher quality science. PloS one. 8(10), 1-6.
- Elsevier (2015). Mapping Gender in the German Research Area. See Chapter 2.
- Nielsen, M.W., Bloch, C.W. & Schiebinger, L. Making gender diversity work for scientific discovery and innovation. Nat. Hum. Behav. 2, 726–734, doi : 10.1038/s41562-018-0433-1, (2018).
- Inno, L., Rotundi, A. & Piccialli, A. COVID-19 lockdown effects on gender inequality. Nat. Astron. 4, 1114 (2020). https://doi.org/10.1038/s41550-020-01258-z
Crédit: Noel Baker @noel.c.baker sur Instagram. Allez jeter un coup d'oeil ;)